Samedi dernier, en début d’après-midi, un groupe d’une vingtaine de cyclistes, circulant entre Crenay et Villiers-sur-Suize, a été percuté par une voiture arrivant en sens inverse. Une quinzaine de cyclistes ont été fauchés.
Six ont été conduits à l’hôpital. Et trois y sont encore. Aux dernières nouvelles, fournies par leur club (le Vélo-Club Chaumontais), deux sont encore en soins intensifs à Chaumont ; leurs diverses fractures ayant nécessité des interventions chirurgicales. Le troisième, qui était particulièrement touché aux cervicales, a été transporté à Reims où il sera décidé s’il doit ou non subir une opération.
Déclarations contradictoires
L’automobiliste, un jeune homme de 19 ans qui demeure à Mardor, circulait normalement lorsqu’au sortir d’un virage, il a aperçu le groupe. Il a freiné brutalement et, comme le montrent les traces sur la route, le véhicule a glissé vers la gauche, traversant toute la chaussée. Il s’agit d’un ancien modèle qui ne possède pas de système d’assistance au freinage.
Des constatations de la gendarmerie, il ressort que le conducteur n’était pas sous l’emprise d’alcool ou de produits stupéfiants. De plus, il ne roulait pas trop vite, comme l’atteste la distance de freinage avant l’arrêt. Celle-ci est correcte, compte tenu de l’humidité de la route. Il n’empêche qu’il est au moins responsable d’un défaut de maîtrise de son véhicule.
Pour le reste, l’enquête s’annonce délicate.
Les cyclistes affirment qu’ils roulaient deux par deux (de front) sur la partie droite de la chaussée, comme le leur autorise le code de la route. L’automobiliste prétend au contraire que, s’il a freiné, c’est parce qu’il a vu un groupe devant lui et qu’il a jugé ne pas avoir la place pour passer. Il ajoute qu’il travaille à Chaumont et qu’il emprunte cette route tous les jours. Il a ainsi l’habitude de croiser des véhicules de toutes sortes un peu partout.
Les habitants solidaires de l’automobiliste
La nouvelle de l’accident était à peine diffusée (dans la presse locale, mais aussi dans certains médias nationaux) que des réactions d’automobilistes se sont faites entendre dans le secteur. Des habitants de Neuilly-sur-Suize et de Villiers-sur-Suize ont contacté L’affranchi afin de faire connaître leur vérité sur la façon de circuler des cyclistes en général.
En fait, ils se sentent solidaires de l’automobiliste. Ils ont l’impression que ça aurait pu aussi bien leur arriver. Et ils pensent que si rien n’est fait, le conducteur du véhicule va injustement porter à lui seul l’entière responsabilité de l’accident.
Nous en avons entendu une bonne dizaine. Tous ont fait savoir qu’ils avaient déjà eu de belles frayeurs. Et ils tiennent surtout à dire que jamais ils n’ont vu un groupe de 20 cyclistes rouler à deux de front. Ils les voient plutôt à 4 ou 5, occupant une bonne partie de la chaussée. Certains ajoutent qu’ils sont prêts à lancer une pétition pour montrer à quel point les automobilistes locaux craignent le comportement des pelotons.
Les griefs
L’affaire est délicate. Il est d’abord difficile de donner un avis sur un événement dont on n’a pas été le témoin. Et il paraît ensuite mal venu de mettre en cause des personnes qui souffrent.
Néanmoins, sortant du contexte de cet accident particulier, on ne peut ignorer l’importance du contentieux qui existe entre automobilistes et cyclistes. Les griefs sont légion.
Chacun raconte comment, à la sortie d’un virage, il est brutalement tombé sur l’arrière d’un peloton. Il explique aussi comment, étant contraint de rouler derrière à très faible allure, il a donné un petit coup de klaxon. Et tous, dans cette situation, affirment qu’on leur a répondu par un bras (si ce n’est un doigt) d’honneur.
Certains évoquent les feux et les stops grillés ou encore les règles et les panneaux qui ne sont pas respectés.
A l’épicerie de Villiers-sur-Suize, tous les clients racontent avoir connu des problèmes semblables. Mêmes les piétons affirment avoir peur des cyclistes, certains ayant pour fâcheuse habitude de se détourner au dernier moment.
Sur le site de L’affranchi, Nathalie Vitrey dépose un article exposant les mêmes difficultés. Et Claude Hury nous fait parvenir une lettre ouverte intitulée «Il fallait que ça arrive !» destinée aux responsables de clubs.
Elle raconte entre autres : «En bas de la côte de Neuilly, il y a un feu tricolore, je ne compte pas le nombre de fois où passant légitimement au vert, je dois piler pour éviter les cyclistes, qui, dans leur élan ne s'arrêtent pas au rouge !
«Qui serait responsable ? Qui risque sa vie?»
Des réponses plus ou moins aimables reviennent assez vite.
Lionel Dupontrué, qui faisait partie du groupe de cyclistes rappelle que des consignes de sécurité sont constamment répétées dans les clubs. Il refuse que des comportements critiquables observés antérieurement puissent être mis en parallèle avec l’accident.
Des nerfs à fleur de peau
Les petites routes de la vallée de la Suize forment un lieu idéal pour la promenade et l’entraînement des cyclistes. Mais elles sont aussi très fréquentées par les automobilistes. Et la cohabitation devient vite difficile.
Les cyclistes ont peur des voitures qui ont tendance à les frôler. La distance réglementaire d’un mètre et demi est rarement respectée. Par ailleurs, chacun se méfiant des accotements, personne n’aime vraiment rouler à droite. Les cyclistes détestent alors les voitures qui cherchent à les dépasser même lorsqu’un véhicule arrive en face.
Roland Grosmaire, le président du Vélo-Club Chaumontais nous explique aussi que, bien souvent, les coups de klaxon surprennent et font faire des écarts.
En fait, on comprend qu’en groupe, les cyclistes se sentent plus en sécurité. Il savent qu’ils ont, comme les autres, le statut de véhicules. En peloton, ils considèrent souvent que l’automobiliste doit attendre le bon moment pour doubler, comme il le ferait pour un tracteur.
Ce qui ne relève pas de la plus grande des courtoisies et fait inévitablement monter la tension.
Tout cela n’arriverait pas si cette route un peu particulière était mieux aménagée pour les cyclistes et si les comportements à risques ou provocateurs étaient éliminés. Il faut espérer que l’accident ait au moins le mérite de faire prendre conscience à chacun des difficultés de l’autre. Un respect mutuel permettrait déjà de résoudre bien des malentendus.
Six ont été conduits à l’hôpital. Et trois y sont encore. Aux dernières nouvelles, fournies par leur club (le Vélo-Club Chaumontais), deux sont encore en soins intensifs à Chaumont ; leurs diverses fractures ayant nécessité des interventions chirurgicales. Le troisième, qui était particulièrement touché aux cervicales, a été transporté à Reims où il sera décidé s’il doit ou non subir une opération.
Déclarations contradictoires
L’automobiliste, un jeune homme de 19 ans qui demeure à Mardor, circulait normalement lorsqu’au sortir d’un virage, il a aperçu le groupe. Il a freiné brutalement et, comme le montrent les traces sur la route, le véhicule a glissé vers la gauche, traversant toute la chaussée. Il s’agit d’un ancien modèle qui ne possède pas de système d’assistance au freinage.
Des constatations de la gendarmerie, il ressort que le conducteur n’était pas sous l’emprise d’alcool ou de produits stupéfiants. De plus, il ne roulait pas trop vite, comme l’atteste la distance de freinage avant l’arrêt. Celle-ci est correcte, compte tenu de l’humidité de la route. Il n’empêche qu’il est au moins responsable d’un défaut de maîtrise de son véhicule.
Pour le reste, l’enquête s’annonce délicate.
Les cyclistes affirment qu’ils roulaient deux par deux (de front) sur la partie droite de la chaussée, comme le leur autorise le code de la route. L’automobiliste prétend au contraire que, s’il a freiné, c’est parce qu’il a vu un groupe devant lui et qu’il a jugé ne pas avoir la place pour passer. Il ajoute qu’il travaille à Chaumont et qu’il emprunte cette route tous les jours. Il a ainsi l’habitude de croiser des véhicules de toutes sortes un peu partout.
Les habitants solidaires de l’automobiliste
La nouvelle de l’accident était à peine diffusée (dans la presse locale, mais aussi dans certains médias nationaux) que des réactions d’automobilistes se sont faites entendre dans le secteur. Des habitants de Neuilly-sur-Suize et de Villiers-sur-Suize ont contacté L’affranchi afin de faire connaître leur vérité sur la façon de circuler des cyclistes en général.
En fait, ils se sentent solidaires de l’automobiliste. Ils ont l’impression que ça aurait pu aussi bien leur arriver. Et ils pensent que si rien n’est fait, le conducteur du véhicule va injustement porter à lui seul l’entière responsabilité de l’accident.
Nous en avons entendu une bonne dizaine. Tous ont fait savoir qu’ils avaient déjà eu de belles frayeurs. Et ils tiennent surtout à dire que jamais ils n’ont vu un groupe de 20 cyclistes rouler à deux de front. Ils les voient plutôt à 4 ou 5, occupant une bonne partie de la chaussée. Certains ajoutent qu’ils sont prêts à lancer une pétition pour montrer à quel point les automobilistes locaux craignent le comportement des pelotons.
Les griefs
L’affaire est délicate. Il est d’abord difficile de donner un avis sur un événement dont on n’a pas été le témoin. Et il paraît ensuite mal venu de mettre en cause des personnes qui souffrent.
Néanmoins, sortant du contexte de cet accident particulier, on ne peut ignorer l’importance du contentieux qui existe entre automobilistes et cyclistes. Les griefs sont légion.
Chacun raconte comment, à la sortie d’un virage, il est brutalement tombé sur l’arrière d’un peloton. Il explique aussi comment, étant contraint de rouler derrière à très faible allure, il a donné un petit coup de klaxon. Et tous, dans cette situation, affirment qu’on leur a répondu par un bras (si ce n’est un doigt) d’honneur.
Certains évoquent les feux et les stops grillés ou encore les règles et les panneaux qui ne sont pas respectés.
A l’épicerie de Villiers-sur-Suize, tous les clients racontent avoir connu des problèmes semblables. Mêmes les piétons affirment avoir peur des cyclistes, certains ayant pour fâcheuse habitude de se détourner au dernier moment.
Sur le site de L’affranchi, Nathalie Vitrey dépose un article exposant les mêmes difficultés. Et Claude Hury nous fait parvenir une lettre ouverte intitulée «Il fallait que ça arrive !» destinée aux responsables de clubs.
Elle raconte entre autres : «En bas de la côte de Neuilly, il y a un feu tricolore, je ne compte pas le nombre de fois où passant légitimement au vert, je dois piler pour éviter les cyclistes, qui, dans leur élan ne s'arrêtent pas au rouge !
«Qui serait responsable ? Qui risque sa vie?»
Des réponses plus ou moins aimables reviennent assez vite.
Lionel Dupontrué, qui faisait partie du groupe de cyclistes rappelle que des consignes de sécurité sont constamment répétées dans les clubs. Il refuse que des comportements critiquables observés antérieurement puissent être mis en parallèle avec l’accident.
Des nerfs à fleur de peau
Les petites routes de la vallée de la Suize forment un lieu idéal pour la promenade et l’entraînement des cyclistes. Mais elles sont aussi très fréquentées par les automobilistes. Et la cohabitation devient vite difficile.
Les cyclistes ont peur des voitures qui ont tendance à les frôler. La distance réglementaire d’un mètre et demi est rarement respectée. Par ailleurs, chacun se méfiant des accotements, personne n’aime vraiment rouler à droite. Les cyclistes détestent alors les voitures qui cherchent à les dépasser même lorsqu’un véhicule arrive en face.
Roland Grosmaire, le président du Vélo-Club Chaumontais nous explique aussi que, bien souvent, les coups de klaxon surprennent et font faire des écarts.
En fait, on comprend qu’en groupe, les cyclistes se sentent plus en sécurité. Il savent qu’ils ont, comme les autres, le statut de véhicules. En peloton, ils considèrent souvent que l’automobiliste doit attendre le bon moment pour doubler, comme il le ferait pour un tracteur.
Ce qui ne relève pas de la plus grande des courtoisies et fait inévitablement monter la tension.
Tout cela n’arriverait pas si cette route un peu particulière était mieux aménagée pour les cyclistes et si les comportements à risques ou provocateurs étaient éliminés. Il faut espérer que l’accident ait au moins le mérite de faire prendre conscience à chacun des difficultés de l’autre. Un respect mutuel permettrait déjà de résoudre bien des malentendus.